mardi 22 février 2011

Première activité d'inspiration montéssorienne

Il y a déjà environ deux semaines, j'ai proposé un nouveau genre d'activité à Arsène. Il avait reçu à Noël de grands dominos en bois. Bien sûr, du haut de ces 13 mois, le jeu paraissait un peu complexe. Je les ai donc utilisé en guise de pièces pour un jeu de "tirelire". J'ai réalisé une fente dans une boîte à chaussure (bon c'est vrai que j'aurai pu la relooker, ce n'est pas très esthétique, mais je n'ai pas forcément beaucoup de temps). Et voilà le tour est joué. Arsène a beaucoup aimé cette activité la première fois. Il a inséré un à un les 28 dominos ! Il fallait voir sa concentration. Il a eu du mal avec le premier mais une fois le geste trouvé, il a enchaîné ! Par contre, depuis, je lui ai proposé 4 ou 5 fois et l'enthousiasme n'est plus là. Il a l'air de trouver cela difficile et abandonne vite. J'ai donc élargi la fente pour réduire la difficulté de l'exercice, ce qu'il a apprécié apparemment. Mais même comme ça, ça ne semble plus le satisfaire. Etrange, non ?

lundi 21 février 2011

Des repas qui se passent bien mieux !

Comme je l'ai écrit dans un billet précédent, c'est la croix et la bannière pour faire manger Arsène. Enfin… c'était, car arrivant au bout du bout des limites de ma patiente avec cette histoire, j'ai décidé de complètement changer de technique et je dois dire que ce fut une riche idée ! Je me suis d'abord dit que ce n'était pas forcément une bonne idée de toujours faire manger Arsène séparément. Ce n'était pas vraiment pour le mettre à part mais c'est tout simplement parce que chez moi, personne ne mange jamais ensemble. Chacun fait son petit truc dans son petit coin, à n'importe quelle heure de la journée. Donc pour commencer, j'ai décidé que nous allions organiser des repas familiaux et que surtout nous allions tous manger la même chose. Deuxièmement, j'ai mis la table puis j'ai servi chacun dans son assiette alors que tout le monde était installé (depuis toujours, je ramène les assiettes déjà pleine). J'ai laissé Arsène se débrouiller tout seul avec sa cuillère et sa petite fourchette (jusqu'à présent, c'est moi qui lui donnait la cuillère). Enfin et surtout, j'ai décidé que je n'insisterais plus pour qu'il mange : s'il mange tant mieux, sinon tant pis, plus de coup de pression ou de tentatives de diversion. Et ça marche !! Nous voyant manger tranquillement sans nous occuper plus que ça de lui (on lui parlait quand même, hein, on est pas des sauvages), il a attrapé sa cuillère et s'est lancé. Une fois qu'il était bien parti, je l'ai quand même un peu aidé en lui proposant quelques cuillerées. Il les a prises sans rechigner, la bouche grande ouverte. Quel soulagement ! Enfin un repas sans stress, sans découragement. Depuis quelques jours, nous continuons ainsi et tout se passe bien. Sauf hier soir : le papa et moi avions des galettes de pommes de terre en plus de nos légumes (elles étaient très grasses et Arsène en avait déjà pris un peu le midi) alors que lui avait du riz. Il n'a pas du tout apprécié qu'on lui en refuse. Leçon à retenir : on mange tous la même chose !! Je le comprends bien d'ailleurs : qui apprécierait une telle attitude ? Bref, après les nuits qui se sont arrangées, c'est au tour des repas. Où allons-nous nous arrêter ??

vendredi 18 février 2011

Histoire de l’allaitement #2 : Maria Lactans

La Vierge au coussin vert (Andrea Solario)

Origines et développement

Le thème de l’allaitement, dans l’art chrétien, remonte au concile d’Éphèse en 431 qui autorise et favorise le culte de Marie, « mère de Dieu ». Désormais, elle sera représentée avec son fils Jésus. La diffusion de ce thème aura pour but notamment d’affirmer clairement la double nature du Christ : Dieu et homme. Tout comme Isis donnait le pouvoir au pharaon en l’allaitant, Marie donne la parole de Dieu au chrétien à travers son « pur lait spirituel » (première Épître de saint Pierre).

Apparues aux 5ème et 6ème siècles dans l’Égypte copte, les première représentations de Marie sont inspirées de l’iconographie de la déesse Isis, très commune à cette époque. Elles arrivent dans l’empire byzantin au 9ème siècle après la période iconoclaste. En Occident, le thème se développe au 13ème siècle en même temps que le culte mariale (cathédrales Notre-Dame, la prière Ave Maria), et ceci particulièrement chez les franciscains. A la fin du Moyen-Âge, il est très fréquent de représenter Marie allaitant Jésus, et les artistes, qui ont gagné en réalisme, insistent davantage sur la tendresse liant les deux personnages.


Codification

De nombreux codes régissent ces représentations. Ceci explique les postures peu classiques qu’adoptent parfois la mère et son fils pour une séance d’allaitement. Jésus est souvent très grand car il doit apparaître clairement aux chrétiens désireux de prier. Il n’est jamais réellement en train de téter, car tout en étant contre Marie, il tourne la tête vers le spectateur pour le regarder. Le sein de la Vierge est souvent mal placé d’un point de vue anatomique mais les peintres se soucient peu de ce détail car l’allaitement est avant tout un acte spirituel et non nourricier au sens propre. De même, elle donne le sein assise sur le sol, position peu confortable, pour mettre en avant son humilité. 

Jésus est le plus souvent représenté nu et exhibant son sexe, ceci dans le but de signifier sa nature humaine. En contraste, Marie est toujours représentée habillée et souvent portant un voile. Ce point est important, car il s’agit d’une époque où l’Église insiste sur le mystère fondamentale du christianisme : l’Incarnation. Jésus est un « Dieu fait homme ». L’allaitement se prête bien à la mise en valeur de l’humanité du Christ : l’enfant a eu faim et soif comme n’importe quel être humain.

Les objets entourant les scènes d’allaitement sont également symboliques. Ainsi, la ceinture fermée de Marie représente la virginité, la grappe de raisin se rapporte à la Cène et au sang versé, le citron prédit les jours amers de la Passion, le chardonneret présage les souffrances du Calvaire.


L’intercession par le lait
Les hommes ont la possibilité de passer par Marie pour être écoutés par Dieu. Comme elle a nourri l’enfant Jésus, elle peut tout lui demander. Elle devient alors protectrice des hommes (Vierge Miséricorde) : elle intercède en leur faveur (Maria mediatrix) et les nourrit tous (nutrix omnium). On peut s’étonner de voir, dans certaines représentations, la Vierge montrer un ou deux seins nus, à côté d’un Jésus adulte montrant lui-même les cinq plaies de la Passion. Cette iconographie assez rare apparaît au paroxysme de la piété mariale : le lait de la Vierge est l’équivalent du sang versé par le Christ, il a le même pouvoir d’intercession.


Marie, nourrice de l’humanité
Le lait de la Vierge profite aux saints comme aux fidèles ordinaire :
- les saints : on trouve, à la fin du Moyen-Âge, beaucoup de représentations de la lactation de saint Bernard. A force de prier aux pieds de statues de Marie, certains saints reçoivent une giclée de lait et accède ainsi à l’une des identifications les plus extrêmes au Christ (il y a aussi les stigmates).
- les fidèles ordinaires : les femmes notamment pouvaient guérir de maladies des seins ou pouvaient avoir un lait manquant grâce à des fioles contenant une poussière blanche censée être le lait de la vierge et se trouvant dans les églises.

La Vierge Marie nourrit également les âmes du Purgatoire en pressant son sein au-dessus d’elle. Jésus, enfant, l’aide en pressant l’autre sein. Elle atténue ainsi leurs souffrances.

Enfin, de manière assez surprenante, les seins de la Vierge ont un attrait érotique. Les hommes ayant fait vœu de chasteté ont parfois des tentations. Certains voient la Vierge en rêve qui les nourrit de son lait. Ils sont ainsi rassasiés et moins enclin à succomber aux plaisirs de la chair. On peut aussi lire dans le Cantique des cantiques :
« Que tes mamelles sont exquises, ma mie, ma fiancée. Tes seins sont plus exquis que le vin, et l’arôme de tes parfums surpasse tous les baumes ! Mes amis écoutent ces mots et savent que je les prononce, car je les admire parce que tu es mère et vierge, et que le fruit d’un seul de tes yeux et d’un seul de tes cheveux de ton cou est tel qu’alors qu’on te disait indigne d’un homme, on t’a rendue digne de Dieu […]. Tu fus jugée digne, avec tes belles mamelles, tes seins si beaux, tes mamelles vierges, tes chastes seins, d’allaiter un fils Dieu et homme. »

Évolution de Maria Lactans

A partir du 18ème siècle, les représentations de Marie allaitant Jésus cessent complètement, certainement jugées indécentes. D’un autre côté, les artistes vont de plus en plus vers une production profane. On retrouve cependant l’influence de toutes ces œuvres religieuses dans les peintures d’allaitement ordinaire, notamment avec la nudité de l’enfant. Il faudra attendre longtemps et des artistes comme Jean-François Millet ou Maurice Denis pour voir apparaître des scènes d’allaitement réalistes.

mardi 8 février 2011

Des nouvelles d'Arsène

Pendant la varicelle

Cela fait bien longtemps que je n'ai pas donné de nouvelles d'Arsène ! En voici donc quelques unes. Le petit chéri marche, marche, marche ! Il ne fait que ça de la journée. Et la petite nouveauté depuis une semaine, c'est le transport d'objets ! Comme beaucoup de petits de son âge, Arsène est un grand déménageur : on retrouve des objets un peu partout dans l'appartement, et parfois cachés derrière les radiateurs, comme mon trousseau de clés par exemple, il y a quelques jours, le petit malin !!
En ce qui concerne les nuits, cela se passe beaucoup mieux et je commence à regoûter aux délices des nuits   sans trop de réveils. Couché vers 20h, il se réveille soit avant 5h et son père le prend avec lui pour dormir dans le salon, soit aux alentours de 5h, et là je me lève pour lui donner un petit shoot de lait. Puis il se rendort jusqu'à 7h-7h30. Donc un seul levé pour moi !!! Le rêve ! Il y a même certaine nuit où j'arrive à atteindre 8 heures de sommeil si je ne me couche pas trop tard (avec un ou deux réveils rapides mais c'est le genre de choses qui arrive à tout le monde et qui ne fatigue pas). Bref, beaucoup de progrès à ce niveau-là.
En ce qui concerne la santé, Arsène nous a enchaîné pas mal de maladies depuis Noël : bronchiolite, varicelle, otite et là, depuis une semaine, il tousse vaguement et a le nez qui coule un peu. Il a donc eu du mal à prendre du poids ces derniers temps, mais depuis la fin de son otite, l'appétit est revenu, il s'est même bien rattrapé. Les photos datent de la varicelle donc ça ne se voit pas mais ses joues ont bien enflées !!
Celle-ci est un peu flou mais j'adore son sourire
Mais en ce qui concerne les repas, les difficultés sont quand même toujours là : Arsène a pris la mauvaise habitude il y a longtemps déjà d'avoir besoin de s'occuper les mains et l'esprit pour accepter d'ouvrir la bouche. C'est un peu (beaucoup) de ma faute car j'ai laissé faire mais en même temps, si j'ai cédé, c'est parce que sinon il ouvrait la bouche une fois toutes les 5 minutes, donc c'était un peu galère et pas très efficace. Donc, Monsieur a besoin de faire des petits jeux et la Maman doit renouveler son stock d'idées assez fréquemment pour avoir du succès. Il y a bien sûr eu toute la phase d'ouverture et de fermeture de boîtes, tripotage d'objets diverses et variés… Mais depuis quelques temps, mon inspiration est en pleine explosion. Récemment, voici donc les activités que je lui propose (ça aidera peut-être certaines mères qui galèrent pour les repas comme moi) :
- visser et dévisser le bouchon d'une petite bouteille d'eau
- faire des boules de tailles différentes de papier d'aluminium et lui proposer de les mettre dans des contenants de tailles différentes également
- garder des papiers d'emballages de chocolat assez grand, type "rocher" et emballer des objets avec (d'autres rochers par exemple ou n'importe quel autre petit objet) et le laisser déballer tout ça (Arsène a dû le faire 20 fois de suite hier : je vous laisse imaginer le nombre de cuillerées de soupe que j'ai pu lui faire avaler pendant ce temps)
- garder les pots de petits suisses et le laisser les imbriquer les uns dans les autres et faire ainsi une espèce de petite tour
Et quand il s'est lassé de tout ça, ce qui est rare quand même, je le laisse tripoter mon ancien portable qui me sert de réveil maintenant. Ca l'occupe bien mais j'essaye d'éviter. A garder pour les jours de fatigue intense ;-)

Voilà quelques idées. Bon après, il y a les enfants qui ouvrent tout simplement la bouche… J'espère que c'est votre cas !

Voilà un article bien long déjà. Il y aurait encore des choses à dire évidemment vu que je n'ai pas écrit depuis longtemps mais j'en garde un peu pour plus tard !

Histoire de l'allaitement #1 : Antiquité


Egypte ancienne

La déesse Isis est énormément représentée au travers de statuettes, de stèles votives* et de peintures, donnant le sein à son fils Horus. Selon les époques, les significations et les aspects ont toutefois changés.
- aux 3ème et 2ème millénaire avant notre ère : seul est concerné le pharaon car c’est grâce au lait d’Isis qu’il reçoit le pouvoir royal transmis par Osiris, ainsi que l’immortalité.
- à partir du 8ème siècle : fabriquées en plus grand nombre, les statuettes sont offertes comme ex-voto* par les gens du peuple aux sanctuaires d’Isis, afin d’obtenir une naissance ou la bonne santé d’un nouveau-né.
- du 6ème siècle avant notre ère au 6ème siècle après : fabriquées en très grand nombre, les satuettes vont se répandre dans tout l’empire romain (les romains ont adoptés le culte d’Isis, assimilée à la Mère universelle de l’Italie primitive) et seront utilisées comme ex-voto dans les temples ou comme protection à l’intérieur de l’espace domestique.
Au fur et à mesure du temps, les statuettes d’Isis vont se simplifier jusqu’à devenir la représentation d’une femme ordinaire allaitant son enfant. En Occident, certaines statues seront vénérées au Moyen-Âge comme la représentation de la Vierge allaitant.

* Stèle votive : petite table d’offrandes, monument funéraires quasiment fabriquées en série.
* Ex-voto : offrande faite à un dieu en demande d’une grâce ou en remerciement d’une grâce obtenue.

Rome antique
Aux premiers siècles de notre ère, dans les régions de l’Europe occidentale (Gaulle, Angleterre, Allemagne), on trouve principalement des représentations de déesses nourricières allaitant deux enfants à la fois. Ces statuettes courantes étaient placées dans des sanctuaires liés à la fécondité (bien souvent près d’une source sacrée) ou dans des tombes d’enfants. L’image de la Dea nutrix a donc plusieurs significations, tout comme Isis : le désir de maternité, la protection de la famille, l’espoir d’une renaissance après la mort.


Asie Mineure et Grèce
On y vénère une déesse étrange appelée Artémis d’Ephèse. Son corps est constitué de rangées de seins superposés de testicules de taureaux, figure d’hyperfécondité. Après la conquête grecque, elle sera assimilée à l’Artémis hellénique, qui n’est pourtant pas nourricière, car vierge.
La mythologie grecque contient d’autres légendes liées au lait :
- l’appartition de la Voie Lactée : Héra, se retrouve à allaiter Héraclès, fils de son mari Zeus et de Alcmène. Cela lui donnera l’immortalité (ainsi que dans la mythologie égyptienne). Il montre dès le berceau sa force peu commune en mordant le sein de Héra. Le jet de lait est si puissant qu’il forme la Voie Lactée.
- Dans l’Iliade, Hécube, femme de Priam et mère de Hector, prie ce dernier de ne pas partir au combat contre Achille qui lui sera mortel. Pour qu’il l’écoute, elle met en avant les pouvoirs du sein qui l’a nourri : « Hector mon enfant, aie respect de ce sein. Et de moi aussi aie pitié, de moi qui t’ai jadis offert cette mamelle où s’oublient les soucis […]. » Cette puissance qu’on les femmes sur les hommes à travers l’allaitement se retrouve un millénaire plus tard, dans la théologie mariale. 


Conclusion

La symbolique de l’allaitement remonte à l’antiquité et structure de nombreuses représentations à plusieurs siècles de distance : fécondité, abondance, amour, puissance et immortalité seront des thèmes rattachés à l’allaitement, qui exprime alors les grandes aspirations communes à toute l’humanité. Aujourd’hui, il est pourtant réduit à un acte uniquement nourricier. Jusqu’à la fin du Moyen-Âge, les représentations ne concernent que des personnages sacrés ou des symboles. Mais les cinq derniers siècles de notre histoire ont vu progressivment apparaître des représentations d’allaitements profanes, plus proches de la réalité vécue par les mères.

La fenêtre panoramique de Richard Yates

C’est l’histoire de deux minables, persuadés depuis toujours qu’ils ne le sont pas, et pour se le prouver, ainsi qu’au monde entier, ils tentent une action qui, se soldera par un échec. lIs sont alors bien obligés de se rendre à l‘évidence : ils ne valent pas mieux que les autres qu’ils ne cessaient de dénigrer. Car tout le roman met en scène ce genre de personnes, sans intérêt, sans envergure. A une exception près : John dit les choses sans s’embarrasser des conventions. Il sait appuyer là où ça fait mal, il est un impitoyable miroir pour tous ces américains moyens. Seulement, on essaye de le contrôler, de le maintenir à l’écart des autres : on l’enferme dans un hôpital psychiatrique, car il est trop dangereux pour la société moderne qui ne sait que mentir et se complaire dans la médiocrité. Les seules actions dignes de respect viennent d’April : l’idée du voyage et l’avortement. Belle récompense : dans un premier temps, on cherche à la faire passer pour une folle tout comme John, puis elle meurt ! Bref un tableau, certes vrai, mais peu subtil, tiré à gros traits. 

La lecture du roman m’a vaguement amusée à la page 132, quand on imagine Franck gérer son travail (dossiers renvoyés aux collègues dans l’espoir de s’en débarrasser). Sur 500 et quelques pages, c’est un peu juste. Après la phase d’enthousiasme qui suit la décision de partir en Europe, je n’avais plus qu’une envie : en finir pour passer à autre chose ! Mais l’auteur a une écriture facile donc on ne voit pas passer les pages, c’est déjà ça. La traduction de Robert Latour est mauvaise : les « Jesus » et les « okay » à tout bout de champ n’ont aucun sens en français et sont assez agaçants.

En résumé, ce livre ne m’a pas beaucoup intéressée ni même trop divertie. Je n’ai que faire des petites histoires de minables. Je préfère de loin les grandes histoires des gens qui sortent de l’ordinaire. 

jeudi 13 janvier 2011

Manon Lescaut


Je vous avais, je crois, parlé d'un tout nouveau club de lecture dont je fais partie. Nous nous sommes rencontrés pour la deuxième fois dimanche dernier pour discuter de Manon Lescaut de l'Abbé Prévost. J'ai écrit ce texte après la rencontre et l'ai axé sur la personnalité de Manon qui a été sujet à débats ! 


Si lire à nouveau « Manon Lescaut » m’a divertie sans me procurer le plaisir de la première lecture, quel ne fut mon étonnement de constater que ce livre, loin de plaire à ne serait-ce que la moitié d’entre nous, a été l’objet de déceptions, d’ennuis et même de souffrances !

Manon a été accusée d’inconsistance, de légèreté, de manipulations, de traîtrise, ainsi que d’avoir un cœur dénué d’amour et de compassion.
Mon ressenti est tout autre. Tout d’abord, je suis persuadée de son amour pour Des Grieux. Sinon pourquoi aurait-elle refusé de suivre le prince italien qui lui promettait monts et merveilles ? Pourquoi serait-elle revenue vers son amant après leur première séparation, lorsqu’il fait son exposé de fin d’étude, alors qu’elle sait qu’il ne sera jamais vraiment riche, étant donné qu’il est obligé de choisir entre elle et son père, donc sa fortune ? Pourquoi ne choisit-elle pas, parmi ses nombreux prétendants, un homme qui pourra satisfaire son besoin d’argent ? Pourquoi revient-elle toujours vers le chevalier si ce n’est par amour ? Si elle ne l’aimait pas, elle l’aurait quitté rapidement et définitivement et le roman aurait finalement été une nouvelle d’une vingtaine de pages (peut-être certaines auraient-elles d’ailleurs préféré !).

Je pars donc du principe que son amour est sincère. Cependant, il est vrai qu’il n’est peut-être pas très conventionnel, par rapport à notre époque en tout cas (je n’ai pas vraiment toutes les cartes en main pour pouvoir affirmer cela dans le contexte du 18ème siècle). La relation d’amour est communément admise comme étant exclusive et réciproque. Imaginons-la autrement : absolue, unilatérale, généreuse. Ne peut-on pas offrir une liberté absolue à l’être aimé si tel est son besoin ?  Aimer sans être aimé en retour ? Accepter l’autre pour ce qu’il est et non pas pour ce qu’on voudrait qu’il fût ? Tel est le cheminement de Des Grieux tout au long du roman. Au début, il s’offusque du comportement de Manon. A la fin, il l’anticipe et par là, l’accepte. A mes yeux, le chevalier incarne l’amour pur, celui qui ne demande pas de contre-parties. Et je trouve cela beau !

Pour ce qui est de la personnalité de Manon, il est vrai qu’on peut la qualifier de légère, ce qui ne me déplaît pas foncièrement. Toutefois, cela me semble réducteur. Quel était l’avenir de la jeune fille avant de rencontrer son amant ? Les ordres. Tout d’abord, une personne qui s’éloigne de la vie religieuse pour s’adonner au libertinage, ne peut que gagner ma sympathie. De plus, il s’agit d’une toute jeune fille, dont on attendrait qu’elle obéît docilement à ses parents, plutôt qu’elle mît tout en œuvre pour échapper à un destin qui ne lui convient pas. Elle fait preuve par là de rébellion et d’un certain courage. Enfin, en agissant comme bon lui semble tout au long du roman, et donc de sa vie, elle devient un bel exemple de liberté et de force de caractère. Peu de gens ont assez d’envergure pour sortir des sentiers battus et tout risquer (liberté, argent, amour) pour laisser vivre leurs désirs.

Voilà donc mes sentiments envers Manon. Peut-être mon indulgence tient au fait que je me reconnais un peu en elle !


Paroles de "Concurrences déloyales" de Georges Brassens


Il y a péril en la demeure,
Depuis que les femmes de bonnes moeurs,
Ces trouble-fête,
Jalouses de Manon Lescaut,
Viennent débiter leurs gigots
A la sauvette.

Ell's ôt'nt le bonhomm' de dessus
La brave horizontal' déçue,
Ell's prenn'nt sa place.
De la bouche au pauvre tapin
Ell's retir'nt le morceau de pain,
C'est dégueulasse.

En vérité, je vous le dis,
Il y en a plus qu'en Normandie
Il y a de pommes.
Sainte-Mad'lein', protégez-nous,
Le métier de femme ne nou-
rrit plus son homme.

Y a ces gamines de malheur,
Ces goss's qui, tout en suçant leur
Pouc' de fillette,
Se livrent au détournement
De majeur et, vénalement,
Trouss'nt leur layette.

Y a ces rombièr's de qualité,
Ces punais's de salon de thé
Qui se prosternent,
Qui, pour redorer leur blason,
Viennent accrocher leur vison
A la lanterne.

Y a ces p'tit's bourgeoises faux culs
Qui, d'accord avec leur cocu,
Clerc de notaire,
Au prix de gros vendent leur corps,
Leurs charmes qui fleurent encor
La pomm' de terre.

Lors, délaissant la fill' de joie,
Le client peut faire son choix
Tout à sa guise,
Et se payer beaucoup moins cher
Des collégienn's, des ménagèr's,
Et des marquises.

Ajoutez à ça qu'aujourd'hui
La manie de l'acte gratuit
Se développe,
Que des créatur's se font cul-
buter à l'oeil et sans calcul.
Ah ! les salopes !

Ell's ôt'nt le bonhomm' de dessus
La brave horizontal' déçue,
Ell' prenn'nt sa place.
De la bouche au pauvre tapin
Ell's retir'nt le morceau de pain,
C'est dégueulasse.

lundi 3 janvier 2011

Bonne année et tout le reste

Je n'ai pas écrit depuis longtemps pour deux raisons : le manque de temps continuel bien sûr mais ce n'est finalement pas la raison la plus importante. Si j'ai commencé ce blog à la base, c'était pour avoir une trace écrite des événements importants et anodins survenant dans la vie d'Arsène. Or, je me rends compte que je n'arrive pas vraiment à le faire. Le fait de savoir que je suis éventuellement lue m'empêche d'écrire certaines choses. J'ai parfois envie d'écrire des choses qui, clairement n'intéresse que moi, et je ne le fais pas car je me dis que les gens n'ont pas envie de lire ça. Bref, ce n'est pas le but de ce blog. J'ai donc commencé un journal privé dont je ne prélèverai que les extraits intéressants. Ce blog risque donc d'être un peu vide (ce qui était un peu le cas récemment). Peut-être trouverai-je le temps de le remplir avec des articles d'une autre nature, sur d'autres thèmes, 2011, nous le dira !

Septembre 2010 - Limoges

Je n'ai malheureusement pas beaucoup de photos nettes et récentes d'Arsène : c'est devenu quasiment impossible de le prendre en photo tellement il bouge et essaye d'attraper l'appareil…

Quelques nouvelles quand même : Arsène sort tout juste d'une bronchiolite sur-infectée. Le pauvre petit chou en a un peu bavé avec les traitements (antibiotique, ventoline, kiné respiratoire, lavages nasaux à répétition) . Comme il n'avait aucun appétit, je l'allaitais à volonté jour et nuit pour qu'il ne dépérisse pas trop. Maintenant qu'il est guéri, nous essayons de reprendre les anciennes habitudes, ce qui n'est pas du goût du jeune homme : il nous a fait un cirque pas possible cette nuit. Ces derniers temps, les nuits se passaient plutôt bien car le papa avait pris le relais. Arsène dormait avec lui et se réveillait peu et ne réclamait une tétée que vers 5 heures du matin. Du coup je pouvais me reposer enfin. Et surtout, quel soulagement de ne plus avoir la responsabilité des nuits ! Un vrai poids en moins sur mes épaules. Mais il semble que ça va être difficile : Arsène n'a vraiment pas apprécié d'être séparé de sa maman cette nuit et nous l'a fait comprendre de manière très auditive ! Les consolations de son pères semblaient totalement inefficaces. J'ai finalement dû le "rejeter" sur le coup de 6h du matin pour qu'il se laisse aller dans les bras de son père. C'est dur pour tout le monde mais nécessaire pour qu'on puisse retrouver un équilibre dans la famille. Il est vrai que ces derniers jours, Arsène était littéralement collé à moi, quasi en permanence, son père n'existait plus. Ce matin, il a un peu fait la tête mais ça n'a pas duré !